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Space opera

Cette installation explore l’idée de construire, scénographier, faire écouter les étoiles. Elle invite à l’intérieur d’un ballet mécanique qui joue de la métaphore de l’harmonie des sphères, et télescope les corps des spectateurs et les corps célestes. Dans cette optique, sept telluriums sont équipés de sphères lumineuses et sonores en rotation. Ils sont animés par un système informatique contrôlant une série d’engrenages et de haut-parleurs, et par ce biais, une composition de mouvements et différents niveaux de spatialisation. Présentée dans la rotonde de l’Opéra de Rennes, c'est une coproduction Festival Electroni[k] / CNC - Dicream et des ateliers décor de l’Opéra, conçue avec Hervé Bérenger et Grégoire Carpentier, avec l'aide de Cédric Marchand et de l'équipe des machinos. Il s'agit de la dernière création du collectif Théâtre électronique avant que nous basculions dans la conception d'expositions d'architecture.

Circumnavigations

Cet opus est né du contexte du parc Jean-Jacques Rousseau d'Ermenonville, plusieurs aspects retenant notre attention : l'île des Peupliers où fut enterré Rousseau, les rapports idéalisés entre l'homme et la nature postulés par le marquis de Girardin, et les fabriques et folies qui parsèment les jardins anglo-chinois. Le projet consiste à mettre en scène et en sons une fabrique d'îles utopiques, à partir de trois éléments : deux structures où sont assemblées les îles miniatures, et une rampe afin de les mettre à l'eau. À intervalle régulier, les séries d'îles sont lancées sur un lac selon un rituel sonifié de deux façons : les fabriques émettent des bruits de martellements et de machines, au gré d'un long crescendo. À l'issu de cette phase les îles partent à la dérive en émettant un scintillement soutenu par un solo de basse électrique. Inaccessibles, elles peuvent être écoutées et scrutées depuis plusieurs postes à disposition sur les berges. Une résidence et coproduction Transcultures / Conseil Général de l'Oise, conçue avec Grégoire Carpentier, Xavier Dousson, Galdric Fleury, Antoine Fontaine et Martin Geffroy.

Théâtre fantôme

Inspirée des lieux hantés et des histoires de fantômes, l’installation se présente sous la forme de mobiles suspendus dans la pénombre, dont l’apparence oscille entre un théâtre à l’abandon et une épave de navire. Les théâtres-fantômes, étirés dans l’espace, ouvrent à de multiples parcours, permettent de varier les points de vue à l’extérieur et à l’intérieur : tantôt énorme amas d’os abstraits, tantôt subtiles perspectives scéniques. D’emblée l’on perçoit des nappes sonores aussi enveloppantes que les éléments tels que la mer ou le vent. Elles se déploient par d’amples mouvements lents à l’échelle de l’immense théâtre squelettique au centre de l’espace. À proximité l’on entend des sons furtifs provenant du mobile, apparitions et disparitions qui semblent l'habiter, font parfois trembler la carcasse, frictionnent énergiquement ses os, manifestent une présence. Un projet créé pour le majestueux espace de la Machine à eau de Mons dans le cadre du festival belge City Sonics, en collaboration avec Grégoire Carpentier, Galdric Fleury, Antoine Fontaine et Carl Seleborg.

Gramophonies

Dans un espace sombre, 78 gramophones miniatures émettent des sons : organisés en guirlande, cercle ou amas, ils forment une population dispersant des voix. Ils ressemblent à des fleurs, des bouches, à des êtres aux noms étranges : suprémophones, anthropophones, phonocrates, brontophones, falsettographes... autant de machines hybrides partageant la forme de pavillon. Certaines, plus grandes, dominent les plus petites regroupées en communautés. Conçu spécifiquement pour être entendu sur ces gramophones, le récit est en grande partie basé sur les textes des Mémoires et observations de Thomas A. Edison. Une voix en américain et en français, qui en reprend des extraits, est spatialisée dans l'installation avec d’autres sons, au fil d’une partition définissant leur position dans le temps. Quatre tableaux se succèdent ainsi en abordant des thèmes chers à Edison : l’invention du phonographe, l’homme et la machine, la surdité, l’inventeur et la société. Un projet conçu avec Grégoire Carpentier et Carl Seleborg, avec la voix d'Andrew Gerzso et une prise de son d'Hannelore Guittet (coproduction City Sonics, Ministère de la Culture / CNC - Dicream).

Théâtres-fictions

C’est au sortir d’une exposition sur la surveillance au Zentrum für Kunst und Medien de Karlsruhe que m’est venue soudain l’idée d’un théâtre panoptique où les spectateurs seraient contraints d’assister à une représentation. De fil en aiguille est née une série de lieux imaginaires en maquettes : un théâtre sourd, un théâtre mental, un théâtre à loges, un théâtre logorrhée... Leur scène est vide, ouverte à l'interprétation, uniquement occupée par une signature sonore accentuant leur étrange atmosphère tout en délivrant à l’oreille quelques indices : sons d'orchestres, toussotements, huées... Parfois, une salve d’applaudissements rompt leur soliloque pour gagner l’ensemble des théâtres, avant de disparaître sans explication. Ce sont mes premières créations exposées à l’étranger (coproduction : Transcultures, Association Pavillon Suisse, Centre de Création Musicale Iannis Xenakis), et l’une d’entre elles, le Théâtre fantôme, a été réalisée plus tard à grande échelle. Au fond, cette série constitue la matrice de mon approche du lieu théâtral.

Berlioz-quatre-sommeils

À plusieurs reprises le sommeil occupe une place d’importance dans la biographie et la vie artistique d’Hector Berlioz. En particulier lorsque ce dernier décrit dans ses Mémoires « quatre sommeils profonds » qui le soustraient momentanément aux souffrances de son amour obsédant pour l’actrice Harriet Smithson. Emmanuel Rio et moi avons souhaité les mettre en récit par trente deux têtes sonores du compositeur organisées par grappes de quatre, et une succession de séquences sonores spatialisées diffusant alternativement une voix parlée et des sons de guitare, cet instrument dont jouait Berlioz et qu’il qualifiait de « mélancolique et rêveur ». Un projet produit par le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, avec la participation de Cyril Béghin (voix parlée), Matthieu Guillemant et Mickaël Noël (guitares).

Wagner en têtes

Comment ne pas être fasciné par ce monastère enfoui au cœur de Paris qu’est l’Ircam, dont la communauté comptait l’affable Pierre Boulez, un Fausto Romitelli subversif, et des jeunes du monde entier s’essayant à l’alchimie des sons ? Ce fut le lieu de ma première création à l'occasion du Festival Résonances en 2003 : l'imposant Journal de Cosima répertorie un très grand nombre de rêves que Richard Wagner rapportait à sa femme au réveil. De cet étonnant corpus, le polytechnicien Emmanuel Rio et moi déduisîmes un dispositif plastique et numérique : un orchestre de têtes sonores et lumineuses de Wagner réparties en deux groupes superposés, l'un représentant le compositeur en sommeil et l’autre le compositeur éveillé. Plongées dans l’obscurité et connectées à un ordinateur, les têtes font successivement entendre les rêves déclamés par une voix, et des parties sonores qui leur correspondent dans une forme plus libre. Ces assemblages abstraits se succèdent comme autant de nuits, revenant sur les thèmes hantant le compositeur : les concerts, le voyage, les femmes, le théâtre de Bayreuth, les fantômes... Réalisée en collaboration avec Delphine Anne (alto), Cyril Béghin (voix française), Alexander Kudla (voix allemande), Alain Terrier (technique), l'installation nous propulsa sur les routes de festivals de musique contemporaine et d’art sonore : Besançon, Monaco, Mons, Saint- Nazaire...

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