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Moi cristal

Je suis actuellement embarqué dans une intense recherche sur le thème de la transparence, fondée sur un double postulat : chaque être humain s’apparente à un minéral à plusieurs facettes, et le jeu de reflets et de transparences que cela implique est similaire à celui des habitations plus ou moins ouvertes qui nous enveloppent depuis la nuit des temps. Convoquant architecture, art visuel et psychologie, le premier acte de cette exposition-introspection a été présenté au Centre d’art contemporain de Lacoux de juillet à octobre 2022, dans le cadre d’une carte blanche offerte par Sophie Pouille. Plusieurs jeunes architectes et artistes ont partagé cette aventure : Victor Bellot, Diana Bou-Salman, Marianne Caudron, Jermaine Coley-Hines, Matéo Colinet, Camille Cordier, Loris Ellena-Mehl, Timothée Pagniez, Laure de Suzzoni et Carol Vasques. L'événement a été soutenu par la Fondation Antoine de Galbert, sélectionné par la 16e Biennale d'art contemporain de Lyon Manifesto of fragility, et a fait partie de la programmation de L'année du verre 2022.

Le théâtre sorti du bois

Il m’a fallu la commande d’un article par Christophe Catsaros et l'Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne sur un théâtre récent entièrement en bois pour me rendre progressivement compte que des centaines d’édifices de ce type ont été conçus dans les siècles passés, et que j’ai côtoyé une bonne dizaine de concepteurs de théâtres en bois dans les vingt dernières années. Une parfaite occasion d’écrire une histoire axée à la fois sur les techniques de construction bois et sur les idéaux conduisant à inscrire le théâtre dans une proximité à la nature et au paysage. J’imagine à terme une nouvelle exposition et un livre, mais avant, je peaufine le sujet dans le cadre d’une recherche à l’École centrale de Nantes sous la direction de Laurent Lescop.

L'œil en boîte

Supposons une bifurcation de l’histoire de l’art, où l’œil ne serait pas tant l’interface entre le monde et sa représentation, que le témoin et l’objet d’une contenance. Il faudrait alors admettre une frange d’œuvres échappant, dans la confrontation au réel, aux catégories opposées du « tableau » et du « plateau » : il y aurait d’un côté la transposition picturale du monde, dans des limites du cadre et de la frontalité ; de l’autre, la transposition plastique du monde, dispositif multipliant les points de vue et la sensation d’immersion ; et quelque part entre les deux, l’hypothèse de l’œil emboîté qui m’intéresse : lorsqu’une œuvre cherche à poster le regard face au spectacle du monde enclos… J'en présente les premières pistes dans l’ouvrage collectif D’après maquettes publié par le Pavillon Bosio de Monaco aux Editions Manuella, et dans une conférence à la Villa Cavrois de septembre 2023 intitulée Les certitudes du vraisemblable.

Globes. Architecture et sciences explorent le monde

Collecter les projets de sphères racontant la Terre et le ciel, faire voyager parmi eux par le texte, l’image et le modèle, tel est le projet que j’ai proposé à la Cité de l’architecture et du patrimoine à Paris en 2015. Trois ans plus tard, accompagné par Marie-Hélène Contal et une équipe passionnée, le voilà devenu exposition marquant les 10 ans de cette institution, avec : près de 600 documents plongés dans une atmosphère nocturne et scintillante ; une quinzaine de maquettes des quatre coins du monde aussi imposantes que des globes de Coronelli ; une cinquante d’autres spécialement reconstituées à la manière d’œufs de Fabergé ; et un catalogue coédité par Norma, auquel ont notamment collaboré Frédérique Aït-Touati, Jean-Louis Cohen, Charles Jencks, Bruno Latour... Traversée par la géographie, l’astronomie ou encore la science-fiction, l’histoire architecturale des globes est hantée par une question : comment représenter l’immensité du monde dans un espace fini ? C’est à ce jour le plus vaste chantier que j’ai mené.

Théâtres en utopie

Le théâtre est l’édifice le plus rêvé des architectes. C’est ce que j’ai essayé de prouver à mes étudiants, avant que je puisse en tenter la démonstration en grand à la Saline royale d’Arc-et-Senans, au Lieu unique à Nantes et à la Ferme des Tilleuls à Lausanne. Un travail titanesque de réunir une iconographie issue de 20 pays et 80 institutions, refabriquer 90 maquettes à partir de sources disparates voire incomplètes, les mettre en voix par deux acteurs au gré de la scénographie lumineuse de mon complice Xavier Dousson. Notre équipe a bénéficié du soutien de Véronique Barcelo, Patrick Bouchain, Nicolas Combes, Mario Del Curto, Claire David, Patrick Gyger, Patrick Percier, Hubert Tassy et bien d’autres encore. L’ouvrage, publié chez Actes Sud et préfacé par Marcel Freydefont, est pensé comme une histoire parallèle : ses récits redonnent vie à des projets de papier en croisant utopie, théâtre et architecture, dans un ballet graphique mis en scène par Agnès Dahan.

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